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World: Au-delà des pénuries : la sécurité de l’eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord - Résumé analytique

Source: World Bank
Country: Algeria, Bahrain, Djibouti, Egypt, Iran (Islamic Republic of), Iraq, Israel, Jordan, Kuwait, Lebanon, Libya, Morocco, occupied Palestinian territory, Oman, Qatar, Saudi Arabia, Syrian Arab Republic, Tunisia, United Arab Emirates, World, Yemen

Avant-propos

La sécurité de l’eau (ou « sécurité hydrique ») constitue un aspect fondamental du développement et de la stabilité de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ─ un enjeu qui revêt de l’importance bien au-delà du secteur de l’eau. Nous espérons donc que les conclusions de ce rapport susciteront un débat au niveau non seulement des spécialistes, mais aussi de toute une palette d’intervenants et de responsables régionaux, notamment les représentants des pouvoirs publics, du secteur privé, de la société civile et des services d’utilité publique.

En raison de sa rareté relative, l’eau a de tout temps été source d’avantages et de risques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Depuis des millénaires, les investissements et les innovations dans la gestion des eaux contribuent au développement social et économique et à des réalisations extraordinaires facilitées par un approvisionnement en eau sûr et une agriculture irriguée. On peut se demander pourquoi les enjeux actuellement associés à l’eau diffèrent de ceux qui existaient il y a dix ans ou même un siècle. On peut se demander aussi comment la sécurité hydrique peut contribuer au bien-être économique, social et environnemental de la région et à son évolution vers la paix et la stabilité.

La réponse à ces questions tient à l’évolution rapide du contexte socioéconomique, environnemental et politique des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La région affiche un taux de croissance démographique élevé, de l’ordre de 2 % par an, et se caractérise par un processus d’expansion urbaine qui devrait se traduire par un doublement de la population des villes de la région à l’horizon 2050, qui compteront alors près de 400 millions d’habitants.

L’augmentation de la consommation des ressources, conjuguée à la sous- valorisation de l’eau, aux carences des procédures de gouvernance et au manque de rigueur dans l’application de la réglementation, conduit à l’épuisement des ressources en eau — s’agissant notamment des eaux souterraines — à un rythme sans précédent. L’absence de gestion des arbitrages requis dans le trinôme eau-alimentation-énergie contribue aussi à la surexploitation des ressources hydriques.

Dans ce contexte en rapide évolution, par ailleurs, le changement climatique exerce des pressions supplémentaires. Les effets négatifs du dérèglement climatique sur les volumes d’eau disponibles exigent que l’on agisse au plus vite pour répartir et utiliser les ressources en eau de façon plus judicieuse. Le changement climatique, en outre, provoque des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus graves qui augmenteront les risques de sécheresse et d’inondations — dont les populations pauvres souffriront de façon disproportionnée.

Il est malheureusement vrai que les pays les plus fragiles sont aussi souvent ceux qui souffrent des niveaux de stress hydrique les plus élevés. La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est regrettablement en proie à des troubles depuis déjà plusieurs années. Les conflits et l’aggravation du stress hydrique mettent en évidence les faiblesses des systèmes existants de gestion des ressources en eau, qui desservaient naguère les populations et qui ne parviennent plus à répondre aux besoins au moment où leurs services sont plus que jamais nécessaires.

Le problème des ressources restera considérable, mais le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont la possibilité d’utiliser davantage les innovations institutionnelles et technologiques. Comme le souligne ce rapport, le recours à des mécanismes améliorés d’évaluation et d’allocation des ressources en eau permet d’utiliser ces ressources de façon plus productive dans de nombreuses régions du monde, mais cette démarche reste relativement peu suivie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Cette région pourrait remédier à la pénurie d’eau, qui constitue un obstacle à sa croissance et à son bien-être, et renforcer sa résistance aux chocs et aux crises prolongées, tels que la variabilité du climat et la sécheresse ou l’afflux d’immigrés, tout en répondant aux besoins humanitaires immédiats comme la sécurité hydrique et alimentaire.

En raison de la complexité et de l’évolution rapide du contexte social, le présent rapport montre aussi que la sécurité de l’eau est loin de se limiter aux mesures qui peuvent être prises pour faire face aux pénuries. Elle implique l’approvisionnement systématique de la population en eau de qualité à un coût abordable de manière à renforcer les relations entre les prestataires de services et leurs clients et promouvoir un nouveau contrat social exigeant plus de transparence et de redevabilité.

La sécurité de l’eau implique aussi la gestion des répercussions des migrations sur les ressources en eau pour permettre — dans un contexte caractérisé par des déplacements d’une ampleur sans précédent — tant aux populations d’accueil qu’aux communautés de réfugiés de bénéficier d’un accès équitable et fiable aux ressources en eau sans entraîner leur dégradation.

Pour faire progresser ce programme crucial, il faut agir sur trois niveaux. Les réseaux régionaux existants de représentants des pouvoirs publics, tels que les programmes et conseils soutenus par la Ligue des États arabes et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, sont essentiels à la formulation d’un engagement politique en faveur de la mise en oeuvre des réformes nécessaires et de la réalisation d’investissements publics et privés. Sur le plan technique, ensuite, les pouvoirs publics doivent travailler avec le secteur privé et participer à des échanges régionaux entre spécialistes de l’eau, tels que l’association des services d’eau des pays arabes (Arab Countries Water Utility Association). Pour les participants, ces échanges sont l’occasion d’améliorer leurs connaissances sur les bonnes pratiques appliquées au problème de l’eau et de faciliter leur mise en commun. Enfin, la société civile, notamment la jeunesse de la région, a un rôle essentiel à jouer pour accroître la prise de conscience de la valeur de l’eau et de la nécessité de prendre des mesures pour assurer un avenir viable.

Les enjeux sont considérables. La région devra redoubler d’efforts pour relever, en cette époque de pénurie aiguë, les défis que pose la question de l’eau depuis la nuit des temps. La Banque mondiale est prête à travailler avec les autorités nationales, la société civile, le secteur privé et les organisations régionales et internationales pour renforcer la sécurité de l’eau dans la région.

Hafez Ghanem
Vice-président
Région Moyen-Orient et Afrique du Nord
Banque mondiale

Guangzhe Chen
Directeur principal
Pôle mondial d’expertise en Eau
Banque mondiale

Rapport complet en anglais


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